Les grandes faïenceries : Sarreguemines, Lunéville, Toul, Saint-Clément

Beaucoup plus que ceux  de fer et de fonte, ce sont les poêles en faïence qui ont fait partie du mobilier lorrain et que l'on trouvait absolument partout, à la ville et au village, chez pauvre comme chez le riche.

L'usage en est venu des pays germaniques et est très ancien en Lorraine, remontant au moins au XVème siècle, comme le prouvent des fragments recueillis par les archéologues et conservés dans quelques musées. Les plus vieux de ces poêles étaient faits avec des éléments en forme de pots, assemblés à l'aide de terre réfractaire. Ces pots furent remplacés dès le XVIème siècle par des carreaux émaillés, appelés claques, dont la fabrication est attestée à Metz, aux environs de Bitche, à Vic-sur-Seille, à Nancy, à Saint-Nicolas-de-Port, à Lunéville, à Épinal, c'est-à-dire dans toute la partie Est de la Lorraine. Mais ils étaient aussi en usages à l'Ouest, à Toul, à Bar-le-Duc par exemple. Pendant longtemps, ces poêles de terre vernissée conservèrent des dimensions considérables et restèrent fort couteux. Ce n'est qu'au XVIIIème siècle qu'on en fit des modèles simplifiés, accessibles à la majeure partie de la population.Vers le milieu du siècle, on en trouvait déjà chez des paysans et cinquante ans plus tard ils étaient partout. Il y eut des fabriques spécialisées : celle de Haener, ouverte à Nancy en 1801, celle de Marmod, établie à Senones (Vosges), mais les faïenceries de Lunéville, de Saint-Clément, de Toul, de Sarreguemines et bien d'autres sans doute en produisaient aussi. On en importait également d'Alsaces, de Strasbourg et de Colmar, et la demande fut si grande que de nombreuses fabriques nouvelles furent ouvertes toutes au long du XIXème siècle.

Les poêles les plus appréciés étaient ceux de faïence blanche ; la fantaisie des poêliers leur donnait des formes rondes, ovales, octogonales, et ils s'ingéniaient à cacher le tuyau de sortie de la fumée dans une colonne de faïence surmontée d'un chapiteau corinthien ou d'une corbeille de fleurs et de fruits. La forme la plus simple, et la plus typiquement lorraine, est rectangulaire, avec l'ouverture du foyer au bas d'un des petits côtés et un coffre de face, au tiers de la hauteur, fermant par deux petites portes garnies de cuivre. On a continué de fabriquer ce type de poêles bien longtemps après qu'on avait cessé de faire du mobilier populaire. Les derniers fabriquants n'ont disparu que peut de temps avant la Deuxième Guerre mondiale.